Le 9e Pékin-Paris Motor Challenge est parti le 17 mai 2025, réaffirmant une fois de plus sa réputation de dernière grande aventure automobile au monde. Avec 55 équipages internationaux s'engageant dans ce périple quasi impossible de Pékin à Paris, l’édition de cette année couvre 14 988 kilomètres à travers 11 pays en seulement 37 jours. Partant de l’emblématique Grande Muraille de Chine, le rallye suit un itinéraire impressionnant à travers la Chine, le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie, l’Autriche, la Suisse et enfin la France, avec 10 passages de frontière et six nuits sous tente.
Organisé 118 ans après l’édition originale de 1907, le rallye de 2025 arrive à peine un an après le retour triomphal du Challenge en 2024, avancé par rapport à son cycle habituel de trois ans en raison des perturbations liées à la pandémie et d'une demande écrasante. Il reprendra son rythme normal en 2028.
Le planificateur d’itinéraire Chris Elkins, qui a travaillé sur sept éditions modernes du rallye, souligne que si la carte peut sembler similaire à celle de 2024, l’expérience quotidienne de conduite a été largement repensée pour améliorer l’événement. Une grande partie des trois premières semaines se déroule dans le désert de Gobi, avec des moments forts comme l’impressionnante Great Sea Road en Chine. L’édition 2025 s’avère être une aventure particulièrement exigeante et inoubliable. Selon Elkins, les retours des participants de l’année précédente ont été essentiels pour façonner un itinéraire plus solide, même si la mise en œuvre de ces changements a donné l’impression de « déchirer la carte et de repartir de zéro ».
Parmi les véhicules les plus remarquables figurent de nombreuses voitures rares et historiques, près de la moitié des engagés étant des voitures d’avant-guerre. La plus ancienne du rallye est une American LaFrance Type 12 de 1917, pilotée par les Australiens Alan et Leigh Maden, accompagnée dans la catégorie Pioneer par une Rolls-Royce Silver Ghost de 1920. Jonathan Turner, vétéran de l’édition de la renaissance de 1997, revient au volant de sa Bentley de 1929, la même qu’il avait conduite 28 ans plus tôt. Autre fait marquant : Tomas de Vargas Machuca, président de HERO-ERA, tente l’exploit en solo à bord d’une Bentley de 1926 — une première dans l’histoire du Pékin-Paris.
Le rallye réunit un fascinant mélange de personnalités. Parmi elles figure le vainqueur des 24 Heures du Mans Christophe Bouchut, qui a rejoint le navigateur du Dakar, le prince Alfonso de Orléans-Borbón, pour affronter les terrains impitoyables du désert de Gobi. Bouchut arrive avec un palmarès impressionnant, comptant des victoires au Mans, à Daytona, Spa, Nürburgring et Dubaï. Autre participation remarquable : une minuscule Fiat 500 de 1973, la plus petite voiture jamais engagée dans le Pékin-Paris, pilotée par Federico Pedini Amati, ministre du Tourisme de la République de Saint-Marin, accompagné de l’expert des déserts Fabio Longo et du vétéran du rallye Roberto Chiodi. Cette entrée symbolique rend hommage à l’esprit du vainqueur de 1907, le prince Scipione Borghese.
La catégorie Classic présente un plateau captivant, incluant plusieurs Porsche 911, Ford Escort et Datsun. Plus insolite, le break Volvo 220 engagé par le duo américain John et David Houck, offrant un généreux espace pour les bagages. Autre point fort : une paire de Peugeot 504 Coupé, dont une ancienne voiture d’usine pilotée par nul autre que Christophe Bouchut lui-même. On note également la première participation de l’entrepreneur et philanthrope britannique John Caudwell, qui concourt avec son frère Brian à bord d’une Chevrolet Fangio Master Coupé de 1938. Connu pour son engagement à travers les organisations Caudwell Children, Caudwell Youth et Caudwell Lyme Co., John fait désormais face à ce qui pourrait bien être le plus grand défi personnel de sa vie.
Comme toujours, l’événement exige une endurance physique et mentale considérable. Avec de longues journées sur des terrains difficiles, des départs matinaux et des arrivées tardives, la camaraderie devient essentielle. « L’esprit du camp est une part très importante de l’événement », déclare Guy Woodcock, directeur des compétitions de HERO-ERA. « Quand la voiture commence à faire des siennes, ce sont ceux qui vous entourent qui vous aident à tenir. » Une fois arrivés à Paris, nombre de concurrents auront noué des liens bien plus forts qu’ils ne l’auraient imaginé — parfois pour la vie.
L’édition 2025 accueille également plusieurs participants de l’édition 2024, nombreux à garder un souvenir ému des merveilles inattendues de la Chine rurale. « Cela dépasse toutes les attentes », confie Elkins, en évoquant la richesse culturelle et la beauté des paysages rencontrés dans les premières étapes du rallye. Si beaucoup considèrent le Pékin-Paris comme un rêve à réaliser, peu mesurent l’endurance qu’il exige. Woodcock insiste : « Oubliez le mot ‘course’. Il ne s’agit pas de vitesse, mais de survie. Il faut prendre soin de la voiture… et de soi-même. »
Parti le 17 mai, le rallye entre désormais dans sa dernière semaine alors que les concurrents s’apprêtent à conclure leur défi : “Drive the Impossible”. Le Pékin-Paris demeure bien plus qu’un simple événement — c’est une célébration vivante de l’automobile historique, de l’amitié internationale et de la résilience humaine, toutes des valeurs que la FIVA défend dans le monde entier.
Photos de Will Broadhead Photographic et Blue Passion