Le 19ᵉ congrès du Comité international pour la conservation du patrimoine industriel (TICCIH) s’est tenu cette année à Kiruna, en Suède, sous le titre : « Patrimoine en action : les legs de l’industrie dans la fabrique du futur ». Le congrès a exploré les nombreuses questions et controverses entourant le patrimoine industriel et son rôle dans la construction de la société contemporaine, avec des sessions portant aussi bien sur la durabilité, l’inclusion et le colonialisme que sur les générations futures, la culture populaire et même l’intelligence artificielle.
La mission du TICCIH n’est pas seulement de favoriser la coopération internationale, mais aussi de sensibiliser et d’éduquer, ainsi que de préserver, conserver, étudier et interpréter le patrimoine industriel. Ces objectifs résonnent étroitement avec la Charte de Turin de la FIVA, ce qui explique pourquoi nos chemins se croisent souvent. À mesure que l’importance de la culture immatérielle dans le domaine du patrimoine mobile ne cesse de croître, il devient de plus en plus essentiel pour la FIVA de maintenir des liens étroits avec le TICCIH.
Kiruna s’est révélée être un lieu particulièrement approprié. La ville est en pleine transformation extraordinaire. Cité minière, riche en immenses gisements de minerai de fer et en terres rares, la municipalité a entrepris de déplacer physiquement la ville de trois kilomètres vers l’est afin de prévenir l’affaissement du sol qui menaçait son effondrement. De cette manière, non seulement la ville pouvait être préservée, mais sa raison d’être – l’activité minière – pouvait également se poursuivre sans entrave. Le projet a largement fait la une des journaux, notamment avec le plan de déplacer son église sur cinq kilomètres, pour un coût de 45 millions d’euros. L’histoire de Kiruna est intimement liée à l’industrie : le minerai de fer y est exploité depuis le début du XVIIIᵉ siècle, et la société LKAB y fut fondée en 1890, année même où débuta la construction de la ville. Douze ans plus tard, la ligne de chemin de fer reliant Narvik, port norvégien libre de glace, était achevée. Aujourd’hui encore, près de 20 millions de tonnes de minerai quittent chaque année la région.
L’ampleur du congrès de cette année fut remarquable, avec près de 300 conférences, débats et interventions plénières. Il était impossible d’assister à tout, et des choix s’imposaient lorsque certaines sessions se chevauchaient, mais même les pauses-café devenaient des moments précieux, où les échanges se poursuivaient bien au-delà des interventions formelles. En tant que représentant de la FIVA, je me suis concentré sur les thèmes les plus proches du patrimoine mobile. Bien que peu de sessions aient traité directement des véhicules, nombre d’entre elles ont abordé des questions pertinentes pour notre domaine. Au cours des deux journées de ma présence, j’ai pu assister à seize sessions et participer également à une réunion des membres européens du TICCIH.
Il fut encourageant d’entendre la FIVA mentionnée à plusieurs reprises comme une ressource précieuse. Notre collaboration existante avec le TICCIH, à travers la plateforme conjointe sur le patrimoine industriel et mobile, s’avère déjà fructueuse, mais les discussions menées à Kiruna ont ouvert la voie à un renforcement supplémentaire des liens. L’une des idées évoquées fut la possibilité de créer un nouveau groupe de travail, dans le cadre de la réorganisation du TICCIH, consacré aux « mémoires du patrimoine automobile ». Une telle initiative pourrait offrir à la FIVA de précieuses opportunités de contribution, garantissant que le patrimoine mobile continue d’être reconnu comme une composante essentielle de l’histoire industrielle dans son ensemble.
Le congrès de Kiruna a rappelé une fois encore à quel point le patrimoine industriel et le patrimoine mobile sont intimement liés aux grands débats de société. En demeurant active dans ces discussions, la FIVA contribue à faire en sorte que les histoires de nos véhicules — et la culture qu’ils incarnent — restent pleinement intégrées au patrimoine en action.
Carl Harbitz-Rasmussen, président de la LMK et membre associé de la Commission Culture